Patricia Bonnet, Leia Chang Soi, Tevaite Denk-Senni (TVaite) et Titaua Peu, quatre artistes polynésiennes, ont intégré au début du mois d’août la Cité internationale des arts de Paris. Ce sont les lauréates de la 2ème édition du concours « Résidence d’artistes – Cité internationale des arts » organisé par le Ministère de la culture de Polynésie Française en partenariat avec Air Tahiti Nui. Voici leurs premières impressions, un mois après avoir emménagé au cœur de la capitale dans leur « logement-atelier ».
La Cité internationale des arts de Paris est un endroit qui accueille des artistes venant de tous les horizons, un lieu de rencontres et de connexions où l’inspiration, l’audace et la créativité peuvent pleinement et librement s’exprimer ! Ce programme de résidences permet également de bénéficier d’un atelier-logement, ainsi que d’un accompagnement artistique et professionnel et d’une bourse de vie. Ce concours représente donc pour nos vahine une formidable opportunité de se faire connaitre, d’ouvrir leur réseau et de vivre pendant trois ou quatre mois (trois pour Patricia et TVaite et quatre pour les deux autres), dans ce lieu unique dédié au travail des artistes, à l’échange et aux rencontres.
Le rêve pour un artiste
« Je n’ai que ça à penser. Créer, imaginer, tester, visiter. J’ai acheté plein de nouveau matériel à des prix beaucoup plus intéressants qu’à Tahiti. J’expérimente des nouvelles matières. J’ai rencontré d’autres artistes, j’ai même réalisé un dessin avec un peintre norvégien âgé de 75 ans ! Un grand moment. J’ai dressé la liste de tous les musées et des galeries d’art que je souhaite visiter et il y a de quoi faire ! Pour moi, ce séjour représente vraiment l’opportunité de me faire connaitre au-delà de la Polynésie et de bénéficier d’un nouveau regard sur mon travail.» raconte Patricia Bonnet, peintre.
Pour TVaite, autre artiste peintre, c’est la découverte. Paris ? Elle ne connaissait pas ou si peu. Le temps de prendre ses marques, et de créer sa « bulle » dans cet environnement ultra citadin, il lui aura fallu deux bonnes semaines pour « atterrir » et réaliser ce qu’elle était en train de vivre : « Ici, tout est art. De l’art urbain, très loin de ce que j’ai l’habitude de voir en Polynésie. Je me balade dans Paris avec mon appareil photo. Tout est beau. Paris foisonne d’expressions culturelles, artistiques, les bâtiments, les expos, le métro… Je sens que mes dessins évoluent, changent. Inconsciemment, je m’imprègne de ce qui m’entoure. Je ressortirais différente de cette expérience, c’est certain. »
Quant à Leia, illustratrice, elle veut profiter de cette résidence pour tester de nouvelles activités artistiques : « Des ateliers nous sont proposés à la Cité. Je me suis inscrite à celui sur la sérigraphie ; je me suis également équipée d’une tour de poterie pour essayer et je vais aussi expérimenter la sculpture. Je me sens libre. Mon projet est celui de réaliser une bande dessinée. Si j’ai bien avancé, j’aimerai présenter mon travail au Festival de la BD « Quai des bulles » à Saint-Malo au mois d’octobre. »
Et puis, il y a le groupe…
…ce groupe de quatre femmes de Tahiti, de générations différentes qui se retrouvent à Paris dans un milieu dédié à l’art, ouvert sur le monde et sur toutes les cultures. Des liens se sont créés, un peu comme une nouvelle petite famille exilée. « Nous nous soutenons, nous échangeons, nous visitons des musées ensemble comme la semaine dernière, cette exposition des peintures de l’artiste australienne Sally Gabory à la Fondation Cartier. Cette aborigène a commencé à peindre à l’âge de 80 ans ! Les couleurs sont vibrantes. J’ai adoré. » raconte TVaite. « Nous partageons nos points de vue et nos expériences surtout sur la vision que nous avons du Pays. » ajoute Titaua Peu, écrivain, qui profite de ce séjour pour se consacrer à l’écriture de son nouveau livre. À noter que son deuxième roman, Pina traduit en anglais vient d’être publié par Restless Books à New-York ! De ces belles amitiés devrait naitre, si le temps le permet, une œuvre commune. A suivre…
Isabelle Lesourd.