Pour la 3ème édition du concours « Résidence d’artistes – Cité internationale des arts », organisé par le ministère de la Culture de Polynésie Française, quatre candidats ont été retenus. Orama Nigou, Jonathan Mencarelli, Vahaeinui Doom (Vashee) et Evrard Chaussoy s’installeront début août pour trois ou quatre mois, dans leur atelier-logement au cœur de la Cité internationale des arts de Paris…
Rencontrer des artistes de cultures différentes, s’ouvrir à des nouvelles techniques, matières, styles, découvrir des univers et des sensibilités artistiques variées, se faire connaitre, nouer des contacts, produire, sortir de son cadre artistique habituel et de son île…il y a tant de bonnes raisons pour un artiste polynésien de vivre cette expérience à la Cité internationale des arts de Paris. Idéalement située dans les quartiers du Marais et de Montmartre, la Cité accueille plus de 300 artistes du monde entier chaque mois. Pianistes, sculpteurs, peintres, cinéastes, chorégraphes, écrivains, graphistes…vivent ainsi sous le même toit. Chacun œuvre dans son atelier-logement à son rythme. Le résident peut participer à des ateliers collectifs de sérigraphie, de gravure ou de céramique, découvrir le travail en train de se faire des autres artistes au sein de leur atelier et peut même proposer un « open studio » pour montrer ses créations aux autres résidents et aux invités de son choix. Vous l’aurez compris, vivre la « Cité des arts » est une expérience des plus enrichissantes pour nos artistes locaux. Une chance.
Un concours lancé depuis 2021
Dans cette optique et afin de soutenir et de promouvoir les artistes du fenua, le ministère de la Culture de Polynésie française lance chaque année depuis trois ans un concours ouvert à toutes les disciplines artistiques en partenariat avec le Haut-Commissariat, la Cité internationale des arts de Paris et la compagnie aérienne Air Tahiti Nui. Ce concours vise à sélectionner quatre artistes titulaires de la carte d’artiste professionnel pour qu’ils puissent bénéficier d’un programme de résidence. Ce programme prévoit un accompagnement artistique, une bourse de vie et de production de 190 930 Fcfp par mois, d’un atelier-logement et d’un billet d’avion aller-retour offert par la compagnie Ar Tahiti Nui.
Orama Nigou
Designer textile du patrimoine polynésien
« Cette résidence m’offre des nouvelles possibilités d’explorations artistiques. »
« Je suis très heureuse de faire partie des quatre lauréats. Je plaçais beaucoup d’espoir dans cette résidence d’artistes qui représente pour moi une nouvelle manière d’explorer l’art en dehors de la Polynésie et de ma pratique artistique habituelle. J’adore fabriquer, mais aujourd’hui je me rends compte que fabriquer pour fabriquer ne me suffit plus. J’aime que mes pièces continuent d’être questionnées une fois réalisées à travers les expositions par des interactions avec l’extérieur et pourquoi pas, par des interactions avec des performances. Dans cet objectif, j’aimerais essayer l’expression corporelle, une discipline qui n’a rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui mais qui pourrait devenir une continuité de mon travail artistique. J’ai hâte de vivre cette expérience, de fréquenter tous ces artistes du monde entier. »
Evrard Chaussoy,
Peintre et sculpteur
« De Raiatea à Paris, j’en rêvais ! »
« Cette résidence d’artistes représente tout ce que je n’ai jamais eu en tant qu’artiste de Raiatea. Quand on habite sur une île, on vit de loin et avec envie les évènements artistiques et les expositions qui se déroulent à Papeete. On a même parfois l’impression d’être puni, tout seul dans notre coin, sur notre île ! Ce concours lancé par le ministère de la Culture est une belle opportunité pour les artistes locaux et je suis heureux d’avoir été retenu. Je n’ai pas de projet précis ; j’ai surtout l’intention de mettre en perspective ma démarche artistique avec celle des autres résidents, de profiter de ces échanges. Apprendre du vécu des autres et partager le mien. Je veux me nourrir de ces échanges, artistiquement et intellectuellement. Ensuite, c’est peut-être ambitieux voire utopique, mais je vais essayer de me faire connaître. On ne sait jamais, une galerie peut s’intéresser à mon travail ! Rien n’est impossible ! »
Vahaeinui Doom (Vashee)
Illustrateur – peintre – plasticien
« C’est un grand saut dans l’inconnu ! »
« J’ai connu la Cité internationale des arts de Paris en allant rendre visite à Tafe qui a fait partie des premiers lauréats de ce concours. Intéressé par ce programme, ma vie professionnelle et familiale ne me permettait pas jusque-là de partir. Mais cette année c’est différent. Lorsque j’ai su que je faisais partie des lauréats, mes sentiments se sont mélangés. D’un côté, il y a l’excitation. De l’autre, l’appréhension. C’est un grand saut dans l’inconnu ! Ce que j’espère retirer de cette expérience ? Valoriser et enrichir mon travail, sensibiliser à travers ma démarche artistique sur des questions environnementales et enfin représenter dans cet univers artistique la Polynésie et plus précisément les îles Australes d’où je viens. J’utilise beaucoup l’iconographie des Australes dans mes créations. Je suis partant pour collaborer avec d’autres peintres sur une grande fresque ou tout œuvre collective. J’ai envie d’apprendre à jouer du violon, j’ai hâte de visiter Paris, découvrir les beaux bâtiments, les galeries, les expositions…tout sera nouveau, je ne sais pas si je vais beaucoup dormir ! »
Jonathan Mencarelli
Sculpteur
« Mon travail de sculpture est en perpétuelle évolution ; ces rencontres avec d’autres artistes et d’autres cultures me nourrissent. »
« J’ai déjà eu l’occasion de participer, il y a quelques années à des symposiums, des réunions de spécialistes autour de la sculpture dans différents pays. Avec l’arrivée de mon fils, j’avais mis entre parenthèse ces voyages dédiés à l’art et au partage. Cette année, je vais partir cinq mois en tout car avant d’intégrer la Cité internationale des arts à Paris, je serai aux Lapidiales, vers La Rochelle, où des sculpteurs de tous pays travaillent sur une œuvre commune dans une ancienne carrière. Ces expériences permettent de rencontrer d’autres artistes qui viennent d’ailleurs et d’échanger sur l’art, la technique, la philosophie et leur culture. Mon travail de sculpture est en perpétuelle évolution et ces rencontres me nourrissent. C’est une super opportunité de tisser des liens avec toutes ces personnes et de se faire connaitre. Je ne pense pas me lancer dans la réalisation d’une grande sculpture quand je serai à Paris. Je vais en profiter pour travailler en dessins et en croquis sur des projets de futures sculptures. »
Texte et photos
Isabelle Lesourd