Pierre Motahi, connu sous le nom de Tropik’Art, expose ses œuvres à la galerie d’art Domus Es du centre Tamanu de Punaauia jusqu’au 8 octobre. Une première pour cet artiste touche-à-tout issu du monde du graff et du design. Peintures sur toile aux messages percutants et dessins fins tracés au Rotring…vingt toiles dévoilent pour la première fois l’univers de cet artiste peintre professionnel.
Issu du monde du street art, Pierre Motahi s’inscrit tout naturellement dans un parcours scolaire artistique ; après son Bac STDAA* au lycée Samuel Raapoto, il passe son BTS design d’espace à Toulouse, puis de retour au fenua, suit une année au Centre des métiers d’art à Papeete en sculpture. Depuis la fin de ses études, le jeune, originaire de Papenoo, n’a pas chômé. « En parallèle de mon activité d’artiste peintre professionnel, j’ai créé ma boite d’architecture d’intérieure Tropik’Art en 2019 et je gère aussi depuis peu un espace de co-working. »
*Sciences et technologies du design et des arts appliqués
Une expo inattendue
Lorsque l’artiste Zénon le contacte pour lui proposer de partager l’espace de la galerie d’art Domus Es du centre Tamanu de Punaauia le temps d’une exposition, Pierre saute sur l’occasion. « Je ne connaissais pas Zénon, ni cette galerie. C’est une rencontre farfelue, organisée en un temps record mais qui a été pour moi un vrai déclic. Je suis surtout connu pour mes fresques murales de style tropical. Avec cette exposition, je me dévoile pour la première fois depuis 14 ans que je peins. Cette exposition, c’est moi, c’est mon univers !»
Nature, culture et société
L’océan, la montagne, les couchers de soleil, les rivières… l’artiste puise son inspiration dans la nature et aussi dans la culture polynésienne. Il aime ainsi glisser dans la plupart de ses dessins deux éléments signature qui apparaissent subtilement ou de façon plus prononcée en fonction des toiles. La voile sur laquelle s’ancrent les dessins et les tentacules d’une pieuvre. « Dans la mythologie polynésienne, la pieuvre tumu-ra’i-fenua est l’un des animaux symboliques les plus importants en représentant le lien entre le ciel et la terre. Dans les familles polynésiennes, le lien est ce qu’il y a de plus précieux. »
L’art pour éclairer
« J’aime me servir de l’art pour éclairer la population. Je soulève des problèmes de société ; je dénonce ce que je trouve injuste ou dangereux. » Ainsi, pour compléter la quinzaine de dessins au style épuré, réalisés avec précision au Rotring (marque de crayon au tracé fin et net souvent utilisé par les architectes), l’artiste contrebalance son expo avec une série de tableaux hauts en couleurs dénonçant l’addiction aux réseaux sociaux notamment auprès de la jeunesse. « Je m’adresse souvent aux jeunes. Avec cette série, j’ai voulu un message percutant, qui marque vraiment. Quand je vois tous ces jeunes la tête penchée sur leur téléphone portable en permanence, je me dis qu’il est temps de revenir à l’essentiel. Les réseaux sociaux nous emprisonnent. ». Quant aux œuvres du mystérieux Zénon, sans qui cette exposition n’aurait pas eu lieu, attendez-vous à du jamais vu avec des toiles qui font la part belle à l’abstrait et aux symboles. « Mon style est très explicite, celui de Zénon implicite. On se complète, moi je me dévoile, lui se cache un peu, ce qui fait l’originalité de cette exposition. »
Isabelle Lesourd.
Exposition Tropik’Art & Zénon
Jusqu’au 8 octobre
Galerie Domus Es,
Centre Tamanu, Punaauia.