Galerie Walk of arts : « Du beau pour faire du bien ! » - Artistes.pf

Ouverte en avril 2021, Walk of arts, est une galerie d’art située dans le quartier du commerce de Papeete. Depuis son ouverture, une cinquantaine d’artistes aux styles éclectiques y ont accroché leurs toiles le temps d’une expo en solo ou en collectif. Rencontre avec Pascale, directrice artistique des lieux.

« Tout a commencé au décès de ma mère, il y a deux ans. Mon père, un vrai roc, qui exprime peu ses émotions, nous dit, à moi et à mon frère, cette phrase magnifique : ‘Quand il nous arrive quelque chose de douloureux, il faut s’entourer de beau. Moi, mon beau, c’est cette vue sur Moorea, le lagon et le jardin de votre mère. Il faut que vous trouviez le vôtre.’ »

S’entourer de beau…

Il-faut-que-vous-trouviez-le-vôtre…Pour Pascale, collectionneuse de tableaux et amatrice d’art, ce conseil paternel prend tout son sens. Une fois chez elle, entourée de ses tableaux, elle se sent apaisée. Ce jour-même, l’artiste Here la rappelle pour lui vendre un peu moins cher une de ses toiles sur laquelle elle avait flashé. Une nouvelle toile qu’elle acquiert et qui lui fait du bien. Nous sommes en plein Covid, les chiffres des décès ne cessent de grimper, la population est éprouvée. Et si l’art pouvait faire du bien aux autres aussi ? Du beau pour faire du bien. L’idée d’ouvrir une galerie d’art avec son frère devient une évidence et comme la vie est bien faite, l’opportunité d’un petit local de 33m2 au coin de la rue, quartier du commerce se présente. C’est le début d’une nouvelle aventure pour Pascale et son frère.

Une ouverture hors murs et hors Polynésie

Petit à petit, Pascale accueille des nouveaux artistes, certains n’ont jamais exposé en galerie, d’autres sont plus habitués à montrer leur travail, certains aiment se mêler discrètement à la collectivité, d’autres s’affichent en solo. « Même si je reconnais avoir un faible pour le street-art, la galerie est ouverte à tous les styles. Ce mois-ci, nous accueillons les œuvres de Nathalie Euryale, des toiles qui pétillent et qui grouillent de couleurs ! Les artistes d’ailleurs sont aussi les bienvenus ; je n’ai pas envie d’enfermer les Polynésiens dans leur propre culture. C’est comme si, on restreignait nos enfants exclusivement à la pratique du ukulélé et du ‘ori tahiti sans qu’ils puissent s’essayer au hip hop. Il faut s’ouvrir au monde, et avoir accès à d’autres cultures. Moi, je dis « entrez ! ». Avec cette même ouverture d’esprit, la galériste aime sortir de son « aquarium » pour exposer les œuvres de ses artistes dans des endroits fréquentés par un autre public comme ce mois-ci à la brasserie Hoa.

De l’art et des messages

Le mois dernier, la petite galerie a poussé les murs profitant d’une nouvelle opportunité : le local voisin se libérait. « De 33m2, nous passons à 78 m2, ce qui nous permet d’imaginer de nouveaux espaces d’expositions. » À l’étage, on fouille pour dégoter la perle rare. Dans cet espace « grenier », se trouve des œuvres anciennes datant de 1900 à 1975. Une vraie caverne d’Ali Baba dans laquelle se côtoient dans un joli bazar des toiles signées par des Bobby Holcomb, François Ravello, Rui Juventin, ou encore Herman Gouwe pour ne citer qu’eux. Des pépites ! Et puis, Walk of arts, c’est aussi une porte ouverte sur l’art engagé comme avec l’exposition d’Océane Fouet au mois de mars avec des tableaux porteurs d’un message fort en l’honneur des femmes battues. Pour célébrer la Journée mondiale de l’art le 15 avril dernier, la galerie a invité les enfants à s’exprimer en dessin et en a fait une exposition. Dans la même veine, Walk of arts a été co-organisateur des premières journées polynésiennes du handicap à travers l’art. « L’art est un canal universel qui gomme toutes les différences. J’aime l’idée d’une galerie à dimension sociale, humaine et inclusive en parallèle de son activité de vente d’art. »

Texte et photos

Isabelle Lesourd.