Après une vie artistique déjà bien remplie en métropole, Jonathan Bougard débarque en Polynésie en 2005 pour rejoindre des amis. Adopté par une famille polynésienne, il trouvera au fenua de nouvelles sources d’inspirations. Et s’il a depuis peu lâché ses crayons et ses pinceaux, c’est pour mieux se concentrer sur la réalisation de films documentaires. Mais il y reviendra ! Difficile de renier ses premières amours, d’autant plus quand on est descendant d’une longue lignée de peintres. Entre deux projets, Jonathan nous ouvre ses portes.
D’où te vient ta passion pour l’art ?
Sûrement de mon éducation quand même puisque ma mère est peintre. Elle a bientôt 80 ans et elle continue de faire des expos presque toutes les semaines. Je l’ai toujours accompagnée quand j’étais petit. Elle m’a appris à lire quand j’avais quatre ans, avant que j’aille à l’école et à dessiner aussi. Mais bon, s’il faut remonter la liste des ancêtres qui peignaient ça va loin, elle a des toiles qui remontent au XIXe.
Tu es autodidacte ou tu as suivi des études spécialisées ?
Autodidacte on va dire. J’étais bon à l’école, mais je n’aimais pas l’école. Donc j’ai arrêté dès que j’ai pu et j’ai commencé à travailler tout de suite. J’ai commencé à publier et à exposer des dessins et de la peinture très jeune.
Quelle est ta matière de prédilection ?
À la base, on peut dire que c’est le trait, le dessin, jusqu’à ce que j’ai un appareil photo et que je me mette à prendre des photos et à peindre. Avant ça, je dessinais tout le temps. J’avais toujours mon carton à dessins, mes crayons et je croquais. J’ai fait des milliers de dessins comme ça.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Certainement quand même le monde qui m’entoure.
Quelle est ton expérience artistique la plus marquante ?
Raconter la vie au Tuamotu. J’ai passé un an là-bas, j’ai dessiné ça. J’en ai fait 135 chroniques. Ça, c’était un travail de longue haleine aussi, sur deux ans et demi. C’était publié dans la Dépêche de Tahiti, mais à la base c’était pour en faire du dessin animé… ça finira par aboutir. J’ai quand même l’impression d’avoir fait quelque chose avec ça, de ne pas avoir perdu mon temps.
Quel est ton rapport avec ton public ?
Ici en Polynésie ce n’est pas un public, c’est des gens qu’on voit, qu’on connaît, qu’on revoit. Le public il est ailleurs peut-être, je ne sais pas. Je l’ai perdu de vue.
Quel est ton rêve d’artiste ?
Continuer à pouvoir travailler, peut-être dans de meilleures conditions. Avancer quoi. Continuer à aller de l’avant.
Quelle est la question que tu aurais aimé que je te pose et que je ne t’ai pas posée ?
Franchement je ne sais pas… Si ! Quelle est ton actualité ?
Et la réponse ?
C’est la sortie d’un livre de peinture en France. Ce sont 20 tableaux. J’avais fait ça il y a dix ans maintenant. J’en avais fait une série sur du papier kraft. Je vivais à l’époque dans une cabane en montagne, je n’avais pas l’électricité. Je peignais du matin au soir et je passais une semaine sur un tableau. J’avais envoyé ça à un écrivain qui m’a écrit des textes dessus, ça avait été publié à l’époque dans une revue d’art et là, 10 ans après, il a trouvé un éditeur. Donc ça sort sous forme d’un livre en couleur. C’est la première fois que j’ai un livre de peinture en couleur qui sort en France. Donc c’est quand même un truc important pour moi, je suis content que ça aboutisse. Ça s’appelle Carnaval et l’auteur des textes c’est Jean-Luc Coudray avec lequel j’ai travaillé sur beaucoup de projets et qui m’écrit des textes pour mes films.
Propos recueillis par Cédric Valax