Grâce à son statut d’artiste professionnelle Artistes.pf qu’elle acquiert il y a un an, l’artiste peintre Patricia Bonnet a remporté une commande publique émanant du Ministère de la culture et de l’environnement, en charge de l’artisanat en décembre 2019. Elle a livré le fruit de plusieurs semaines de travail au Ministère ce lundi 18 mai 2020, une peinture à l’huile grand format remarquable rendant hommage au ‘ū’upa, pigeon vert endémique de l’île de Tahiti.
Le fonds artistique du Ministère de la Culture alimenté par trois œuvres d’artistes locaux
Après la fresque des Poilus tahitiens commérant le 11 novembre graffée par quatre artistes locaux (Cronos, HTJ, Komosulo et Abuze) sur le mur de l’ancienne caserne Broche face au CESEC en décembre 2018, puis le Penu de Jonathan Mencarelli inauguré dans le jardin du CESEC en janvier dernier, c’est au tour d’une peinture à l’huile de Patricia Bonnet d’intégrer le fonds artistique du Ministère de la Culture de la Polynésie française. A travers ces trois commandes, le Ministère a mis en avant trois thématiques : l’histoire (Poilus tahitiens de la Première Guerre mondiale), l’artisanat (penu) et l’environnement (‘ū’upa).
Graff, sculpture, peinture ; des commandes publiques valorisant différentes disciplines artistiques, représentatives de la communauté d’artistes professionnels du fenua Artistes.pf. « C’est la volonté du Ministère de s’inscrire dans l’acquisition d’œuvres d’art pour soutenir les détenteurs de la carte d’artiste professionnel » souligne Gaëtan Déso, chargée de mission. « Nous sommes le Ministère de la culture ET de l’environnement, donc partir sur ce thème de l’environnement nous semblait avoir du sens. Atteindre, avec une œuvre, la mixité nature-culture » ajoute-t-il. Ces différentes commandes publiques ont pour but de soutenir la création contemporaine au fenua et de sensibiliser le public.
Le ‘ū’upa de Patricia Bonnet : une approche environnementale abstraite et contemporaine
Patricia Bonnet a fait partie des six dossiers déposés en 2019 pour cette commande publique s’adressant aux artistes peintres et vidéastes. Lors d’une exposition à la Maison de la culture la même année, l’artiste peintre avait déjà travaillé sur le thème du ’ū’upa, thème qui avait eu un très bon écho auprès du public. Elle a donc décidé de reprendre ce thème de l’oiseau terrestre endémique de Tahiti à travers une interprétation personnelle et originale.
« Cette approche abstraite et contemporaine correspondait à la thématique environnementale attendue. La proposition des oiseaux, qui ont une signification forte dans la culture polynésienne, est assez vite apparue comme une évidence » explique Miriama Bono.
Composé de Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre, Miriama Bono, directrice du Musée de Tahiti et des îles et de Mylène Raveino, responsable des activités permanentes de la Maison de la culture, le jury a récompensé le travail original de la peinture à l’huile, une sacrée prouesse aux dimensions imposantes d’1,80 x 2 m.
Sur ce tableau à dominante de tons verts, on retrouve l’identité artistique de Patricia, elle qui utilise des matériaux bruts qu’elle trempe dans la peinture et applique ensuite très rapidement sur la toile de façon impulsive. Des matériaux autres qu’un pinceau pour donner une dynamique, un double sens à la composition. Parfois cela peut être du bambou, cette fois ce sera des lanières de cuir. « Le premier jet, ça va très vite en général, en une soirée, il est posé. »
On y retrouve les influences créatives des hachures de Franck Fay, peintre reconnu en Polynésie dans les années 50 à 80, père d’Hervé Fay, peintre lui-même et ancien enseignant du Centre des Métiers d’Art (CMA) qui a accompagné Patricia sur la voie artistique.
Patricia Bonnet préfère laisse au spectateur la liberté de l’interprétation, mais certains verront dans l’entité de gauche la fleur d’oiseau de paradis (Strelitzia reginae) – dont la forme ressemble au bec et au plumage très coloré des volatiles du paradis, d’où son nom commun.
Pour les amateurs d’art, vous pourrez admirer son œuvre dans le hall du Ministère, au premier étage.
« La carte d’artiste professionnel du fenua, c’est avant tout une porte ouverte vers l’appartenance à un groupe. Parce qu’ici à Tahiti, nous sommes très éloignés de la scène artistique mondiale. Ce statut que te confère cette carte c’est aussi à un moment élargir une famille artistique qui ne soit pas uniquement tournée vers le monde des galeries. Enfin, c’est une légitimité. »
Grâce à son statut, Patricia prépare d’ailleurs un dossier de demande de subvention pour participer à une prochaine exposition collective à Mulhouse. En mars 2021, elle prépare également une exposition personnelle à la Maison de la culture. Pour ceux qui souhaiteraient visiter son atelier, Patricia sera ravie de vous accueillir, contactez-la via sa page artiste en cliquant ici
LE ‘Ū’UPA
Pigeon vert, Ptilinopus purpuratus purpuratus (Gmelin, 1789). (Source : Fare Vāna’a)
Dans l’ancienne société tahitienne, ce carpophage au plumage vert foncé sur la partie supérieure du corps était l’une des émanations du dieu Atea, associé au banian ‘ōrā, dont il mange les fruits. Le ’ū’upa était le compagnon de la déesse Hina. Depuis la lune, celle-ci l’envoya dans le monde des humains, afin qu’il y dépose la graine de l’arbre sacré, le ‘ōrā. Pour rappel, le Pigeon vert est actuellement inscrit en catégorie A, sur la liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française et classé en « préoccupation mineure » sur la liste rouge de l’IUCN. (Source : Musée de Tahiti et des îles, « ’Ū’upa, le pigeon vert de la Société »)
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Rédaction web : Vaea D.
Crédits photos : Vaea D., Patricia Bonnet