D’origine vietnamienne et italienne, Silvio Cicero grandit à Moorea. Il se fait connaître en 2009 au Tahiti Festival Guitare grâce à ses talents d’artiste chanteur-compositeur-guitariste. Cet événement lance sa carrière d’artiste professionnel et le décide à consacrer sa vie à la guitare. Après un cursus de deux ans à la Los Angeles Music Academy, Silvio revient en Polynésie en 2012. Il joue sur des scènes locales, sort plusieurs titres dont « Taapuna Girl », et donne des cours de guitare. Si ses représentations en premières parties de chanteurs célèbres agrandissent son réseau de fans, Silvio est déjà résolument ancré dans le paysage musical du fenua grâce à ses collaborations avec des références de la scène locale telles que Daniel Benoit ou Andy Tupaia. Après 7 compositions déjà disponibles, il s’apprête à continuer sa success story avec la sortie de son nouvel EP…
‘Ia ora na Silvio, peux-tu nous raconter la genèse de ton nouvel EP ?
Grâce au statut d’artiste professionnel que j’ai obtenu il y a 5 ans, j’ai pu obtenir une subvention en décembre 2019. Je me suis rendu à Nashville aux Etats-Unis pour l’enregistrement d’un EP de 5 chansons (EP pour ‘extended play’, format musical plus long que celui du single et plus court qu’un album). Si « Ma Polynésienne » est sortie en mars, les autres morceaux seront mis en ligne progressivement, tous les deux mois. Cela permettra aux auditeurs de s’imprégner de chaque chanson avant d’entendre la suivante, qu’il n’y en ait pas une qui prenne le pas sur les autres comme c’est souvent le cas avec un album. C’est important pour moi que chacune ait le temps d’exister en tant que telle, c’est aussi une manière de faire vivre ma carrière tout au long de l’année.
Pourquoi Nashville précisément ?
Je recherchais ce son country pop moderne que l’on ne retrouve qu’à Nashville. Je trouvais que la combinaison avec les chansons tahitiennes collait très bien. J’avais de plus déjà produit un morceau là-bas en 2018, « Here faito ore » qui était vue près d’un million de fois. Je me suis dit : ‘ok, ça marche, on continue comme ça’.
Lorsque j’écoute des chansons sur internet, je regarde toujours les crédits, puisque c’est le son qui m’intéresse. J’ai donc cherché à travailler avec cet ingénieur son en particulier, ce producteur musical pour le mixage et la prise de son. Ensuite, je me suis rendu à Los Angeles pour la partie production additionnelle (effets sonores).
Ta dernière chanson datait d’il y a un an, en décembre 2018, quelles ont été tes sources d’inspiration depuis ?
L’écriture c’est avant tout du travail. Comme pour beaucoup d’artistes, c’est le quotidien, la vie, ce qui nous entoure, qui nous inspire. Je suis papa depuis peu, et je voulais célébrer la femme qui m’a donné mon fils. C’est pour cette raison que j’ai souhaité réaliser le clip de « Ma Polynésienne » chez moi, avec ma famille, clip que vous découvrirez en mai prochain.
De manière générale, tu collabores pas mal avec des artistes du fenua ou d’ailleurs…
J’ai eu la chance de faire la première partie d’Antoine Motos, alias Kiko (ex-chanteur des Gypsy Kings) avec son groupe Gipsyland en mai 2016, et de Vianney en septembre 2017. J’ai même pu rencontrer Kenji Girac ou encore Cali lors de leur venue en 2019.
Je travaille également étroitement avec mon frère Benjamin, notamment pour la réalisation du clip de « Here Faito ore » qui a participé à le faire connaître. En tant qu’infographiste, photographe, réalisateur, et coloriste, il s’occupe de tous les visuels et de mes clips.
Tous ces échanges me nourrissent pour mes créations.
En octobre 2018, le grand public a pu te découvrir en duo avec Julien Doré sur la scène de To’atā, dirais-tu que cela a marqué un autre tournant dans ta carrière ?
Si jusque-là mon public est plutôt polynésien, cela m’a fait connaître de la communauté popa’ā de Tahiti. A une époque, je jouais tous les dimanches soirs au Sofitel de Moorea, et après une de mes prestations, en fin de soirée, Julien était là, et on a discuté. Il voulait qu’on reprenne en duo « Here faito ore » mais je lui ai plutôt proposé « O oe to oe rima » de Bobby Holcomb. Cela a visiblement bien plu au public, nous en avons donc fait une vidéo tournée à Moorea et publiée sur les réseaux sociaux.
Ta nouvelle chanson « Ma Polynésienne » est en français, mais tu as chanté en tahitien par le passé…
Même si je ne suis pas Polynésien de sang, je le suis de cœur puisque j’ai grandi au fenua. J’ai toujours eu la volonté de chanter en tahitien, j’ai donc mis un point d’honneur à écrire en reo tahiti. Même si ce n’est pas ma langue natale, je comprends tout ce que j’écris et ce que je chante. Pour moi, c’est comme une grande mission, je cherche à proposer un tahitien ni trop simpliste ni trop élitiste. Lorsque je fais relire mes textes, j’essaye de mettre tout le monde d’accord. Pour « Here faito ore », je voulais bien faire, il y a plus de 7 relectures ! Je souhaite qu’un maximum de personne me comprenne.
Tu es également membre de la commission consultative de la Sacem Polynésie, peux-tu nous en dire plus ?
La société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique est une société de gestion des droits d’auteur en Polynésie française, filiale de la Sacem France. Je fais partie des 8 membres, aux côtés notamment de Gabilou, Teiva LC, Raimana Bareille de Pepena, et de Bruno Demougeot. A chaque fois qu’une chanson est déposée, elle fait l’objet d’une commission pour vérifier qu’il n’y a pas de plagiat. On examine environ 50 dépositions par mois. Cela nous permet aussi de nous voir régulièrement.
Parallèlement à cet EP, quels sont tes projets pour 2020 ?
Le 15 mai prochain, je suis invité à représenter la Polynésie française à Paris dans le cadre de l’événement « L’Outre-mer fait son Olympia », dont Gabilou est le parrain. Ce sera mon tout premier concert en France.
Je prépare également un nouveau morceau avec mon ami Andy Tupaia.
Parallèlement, j’ai aussi ouvert mon école de guitare il y a un an, et j’ai maintenant plus de 60 élèves.
Pour écouter le morceau « Ma Polynésienne », cliquez ici
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Rédaction web : Vaea D.
Crédits photos : Silvio Cicero, Radio 1